Favoriser la location immobilière, un remède contre l’augmentation du chômage ?

Une étude très sérieuse, menée par deux économistes anglais et américain, a démontré un lien statistique très proche entre le taux de propriété immobilière et le taux de chômage aux Etats-Unis. En clair : plus le pourcentage de propriétaires augmente, et plus il y a de chômage. Explications.

Andrew Oswald de l’université anglaise de Warwick et David Blanchflower de l’université américaine de Dartmouth, auteurs de cette étude, sont clairs : « Un doublement du taux de propriété immobilière est associé à une multiplication par plus de deux du taux de chômage« . De 1950 à 2010, dans les cinq Etats américains où la proportion de propriétaires a le moins progressé (+1%) comme la Californie, le taux de chômage a augmenté de 3,5 points. Dans les cinq Etats où le taux de propriétaires a le plus progressé (+23%), le chômage a augmenté de plus de 6 points.

Plus près de chez nous, la Suisse qui ne compte qu’un tiers de propriétaires a un chômage de seulement 3%, alors qu’en Espagne, 80 % des foyers sont propriétaires et plus de 25 % des actifs sont sans emploi. Globalement, depuis le début de la crise, le chômage a augmenté de façon plus importante dans les pays qui comptent un taux élevé de propriétaires. Cependant, il s’agit seulement de corrélations, et non d’un lien de cause à effet clairement établi. Si les auteurs ne fournissent pas de causes avec certitude, l’étude soulève 3 problèmes engendrés par la hausse de la propriété immobilière :

  • la baisse de la mobilité professionnelle (les propriétaires déménagent moins facilement pour changer de travail),
  • l’augmentation des temps de transports (lorsqu’on est propriétaire, il est plus difficile de déménager pour habiter plus près de son travail)
  • la baisse de création d’entreprises et d’opportunités de business

En Finlande, l’économiste Jani-Petri Laamanen avait fait des observations similaires : dans les années 90, le gouvernement avait testé dans certaines régions une politique de déréglementation du marché locatif qui avait stimulé la location immobilière et fait baisser le chômage.

Cécile Duflot a-t-elle donc raison de donner le pouvoir aux locataires ?

Au vu des résultats de cette étude, la ministre du logement aurait donc raison de vouloir protéger les locataires. Son projet de loi, globalement plus favorable aux locataires qu’aux propriétaires, le montre bien, notamment avec l’encadrement des loyers. Cependant, il y a fort à parier que l’effet produit sera exactement l’inverse : des règles contraignantes pour les propriétaires et une baisse de la rentabilité immobilière dissuaderont certainement un peu plus les investisseurs et les bailleurs de louer des logements. Et si l’on en croit Messieurs Oswald et Blanchflower, on peut s’attendre à une nouvelle progression du chômage.

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Lien vers l’étude originale (en anglais)

 

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