Appartement mal isolé : quels sont les droits du locataire ?

Louer un appartement avec une mauvaise isolation peut rapidement devenir un cauchemar pour les locataires, entraînant des factures d’énergie élevées, un inconfort thermique significatif et même des problèmes de santé. La loi oblige désormais les propriétaires de passoires thermiques à les rénover s’ils veulent continuer de les mettre en location. Mais que faire lorsque vous êtes déjà installé(e) dans un logement mal isolé ? Quels sont vos droits ?

L’importance de l’isolation dans un logement locatif

Une bonne isolation est fondamentale pour garantir le confort thermique d’un logement, permettant de conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été. Au-delà du confort, une isolation adéquate contribue à réduire la consommation d’énergie et, par conséquent, les factures de chauffage et de climatisation. Pour les locataires, vivre dans un logement bien isolé signifie également préserver leur santé, en évitant les problèmes d’humidité et de moisissures souvent associés à une mauvaise isolation.

Droits du locataire face à un logement mal isolé

En termes d’isolation du logement, les locataires sont protégés par deux lois : la loi Climat (de 2021) et le décret définissant les critères de décence d’un logement. Ce dernier dit que :

  • Le propriétaire ne peut pas louer un logement dont la consommation énergétique est égale ou supérieure à 450 kilowattheures d’énergie finale par mètre carré de surface habitable et par an (indiqué sur le DPE). Cette disposition ne s’applique qu’aux contrats conclus à partir du 1er janvier 2023.
  • Le logement doit être exempt d’infiltrations d’eau, notamment au niveau de la toiture et des ouvertures. Les remontées d’eau sont également concernées.
  • Le logement doit protéger les occupants contre les infiltrations d’air parasites, c’est-à-dire que les portes, fenêtres, murs et parois offrent une étanchéité suffisante (hors grilles de ventilation évidemment).

Concernant la loi Climat, elle dispose que :

  • Depuis août 2022, les bailleurs de logements notés F ou G dans le DPE ne peuvent plus augmenter leur loyer au renouvellement du bail ou au changement de locataire ;
  • A partir de janvier 2025 : il sera interdit de louer un logement noté G ;
  • A partir de janvier 2028 : il sera interdit de louer un logement noté F ;
  • A partir de janvier 2034 : il sera interdit de louer un logement noté E ;

Que faire si vous êtes déjà locataire d’un bien mal isolé ?

Il faut déjà commencer par déterminer ce que l’on appelle « mal isolé », car avoir simplement du mal à chauffer son logement ou être victime de moisissures ne sont pas suffisants pour entrer dans les cas où le locataire peut faire valoir ses droits. Passons donc en revue les situations précises qui peuvent donner lieu à une décision de justice en faveur du locataire :

  • Si votre logement présente des infiltrations d’air ou d’eau telles que décrites dans les critères de non-décence : le propriétaire est obligé de réaliser au plus tôt les travaux nécessaires. Signalez le problème au bailleur à l’amiable, et si cela ne donne rien, envoyer une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception. Après un délai de 2 mois, si la mise en demeure est restée sans réponse ou si le désaccord persiste, le locataire peut saisir la commission départementale de conciliation (pour tenter de résoudre cela à l’amiable) ou le greffe du tribunal.
  • Si votre DPE a dépassé sa date de validité ou le bailleur ne vous l’a pas fourni lors de la signature du bail : selon cette réponse ministérielle, vous êtes en droit d’exiger un DPE valide lors de la reconduction tacite du bail pour pouvoir vérifier le respect du critère de décence. Si celui-ci affiche une consommation supérieure à 450 kWh/m²/an, vous pouvez a priori contraindre juridiquement le propriétaire à réaliser les travaux nécessaires. Si le propriétaire refuse de faire les travaux ou même de fournir le DPE, référez-vous aux démarches évoquées dans le point précédent.
  • Si votre DPE est valide et la consommation énergétique de votre logement est inférieure à 450 kWh : vous n’avez pas de recours possible.
  • Si vous souffrez de la présence de moisissures récurrentes dans votre logement et que vous obtenez un certificat médical attestant que celles-ci affectent votre santé, il devrait être possible de réduire le préavis de départ à un mois au lieu de trois. Attention, cela est sous réserve que les moisissures ne soient pas causées par une mauvaise utilisation du logement par le locataire (lire cet article pour en savoir plus).

Peut-on quitter un logement à cause d’une mauvaise isolation ?

Il est très important de rappeler vous ne pouvez jamais décider de votre propre chef de quitter le logement sans préavis, ni cesser de payer votre loyer. Cela est interdit et votre bailleur pourra se retourner contre vous ! Ces mesures ne peuvent être décidées que par un juge.

Certains motifs peuvent donner droit au locataire de partir en ne faisant qu’un mois de préavis au lieu de trois, comme le départ pour motif médical indiqué précédemment, mais aucun n’est lié spécifiquement aux soucis d’isolation. Pour en savoir plus sur les autres motifs possibles : cliquez ici.

Si aucun motif de préavis réduit ne s’applique et si vous ne disposez pas d’une décision du tribunal vous autorisant à partir sans préavis, vous pouvez résilier le bail en respectant la procédure classique.

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7 réflexions sur “Appartement mal isolé : quels sont les droits du locataire ?”

  1. Bonjour je suis actuellement en location d’un logement le DPE est en D mais le logement est très mal isolé je chauffe mes ma consommation de chauffage est de 501kwh il fait toujours mes pieces et mes vêtements sont froids voir humide a cause de la mauvaise isolation d’une autre part la ventilation de la salle de bain ne fonctionne très peut car j’ai la peinture qui se désagrège je sais pas du tout quoi faire

    1. Bonjour,

      Votre situation est problématique, car un logement mal isolé et mal ventilé peut entraîner des désagréments importants, voire des risques pour la santé. Voici ce que vous pouvez faire :

      – Signaler les problèmes au propriétaire : Envoyez-lui un courrier (de préférence en recommandé avec accusé de réception) pour l’informer des soucis d’isolation, d’humidité et de ventilation. Mentionnez notamment que la VMC ou l’aération de la salle de bain ne fonctionne pas correctement.

      – Demander des travaux d’amélioration : Le propriétaire est tenu de vous louer un logement décent, sans risques pour votre santé. S’il ne réagit pas, vous pouvez lui rappeler ses obligations en vertu de l’article 6 de la loi du 6 juillet 1989.

      – Faire appel à la mairie ou à la CAF : Si le logement présente un caractère indécent (humidité excessive, dégradations), vous pouvez demander une inspection du service d’hygiène de la mairie ou un signalement auprès de la CAF si vous percevez des aides au logement.

      – Contacter la Commission Départementale de Conciliation (CDC) : En cas de litige avec votre propriétaire, la CDC peut être saisie gratuitement pour tenter de trouver une solution amiable.

      – Vérifier l’éventualité d’une baisse de loyer ou d’un recours en justice : Si le logement est jugé indécent, vous pourriez demander une réduction du loyer ou la mise en conformité des équipements devant un tribunal.

      N’hésitez pas à agir rapidement, car ces problèmes peuvent s’aggraver avec le temps.

  2. Bonjour j’ai un logement classer F et kmje vie dans les Hautes-Alpes dans un appartement hlm. le propriétaire de l’appartementdu dessous ( la mairie ) à décidé d’entamer des travaux d’isolation et d’insonorisation depuis fin novembre il ont enlevé toute l’isolation de celui ci en plein mois de décembre ma facture à doublé .
    Je suis démunis par leur manque de respect à quelle recours ai-je le droit sur quelle base puis-je me.plaindre ? Car ni mon propriétaire ni la mairie ne m’écoute je doit juste subir

    1. Bonjour,

      Vous pouvez agir sur plusieurs bases :

      – Obligation de décence du logement (article 6 de la loi du 6 juillet 1989) : Votre logement doit être isolé correctement. Informez votre bailleur HLM par courrier recommandé de l’impact des travaux sur vos conditions de vie et demandez des mesures correctives.
      – Troubles de jouissance : Vous pouvez demander une compensation pour le préjudice subi (augmentation des charges et inconfort) en raison des travaux. Adressez une mise en demeure à la mairie (propriétaire de l’appartement du dessous).
      – Saisine des autorités compétentes :
      – Contactez la DDETS (Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités) pour signaler un manquement à l’obligation de décence.
      – Saisissez la commission départementale de conciliation (CDC) pour tenter un règlement amiable avec votre bailleur.

      Si ces démarches restent sans effet, vous pouvez envisager une action devant le tribunal judiciaire pour demander une réduction de loyer ou une indemnisation.

      Cordialement.

    1. Bonjour,

      Oui, vous pouvez demander un remboursement partiel de vos factures énergétiques au propriétaire si l’augmentation est directement liée à un défaut du logement (comme une fuite de chauffage non réparée). Vous devez démontrer que le problème relève de sa responsabilité. Pour cela :

      – Conservez toutes les preuves (photos, messages, relevés de consommation, factures).
      – Envoyez un courrier recommandé au propriétaire, demandant le remboursement de la différence.
      – Si le propriétaire refuse, vous pouvez saisir la commission départementale de conciliation ou le tribunal judiciaire.

      Cordialement.

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