Selon une récente étude publiée par L’Insee, les aides au logement auraient un effet inflationniste sur les loyers, c’est-à-dire que les loyers des locataires bénéficiaires d’aides seraient artificiellement gonflés. Comment démontrer la corrélation qui existerait entre aides au logement et augmentation des loyers ?
Sommaire
1) Les variations des montants d’aides correspondent aux variations de loyers
Les aides au logement sont divisées en 3 zones : la zone 1 pour l’agglomération de Paris, la zone 2 pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants, la zone 3 pour le reste du territoire français. L’Insee a analysé l’impact des aides entre la zone 2 et la zone 3. Résultat : pour des logements et des agglomérations similaires, la zone 2 a des aides supérieures de 20 à 30 euros par mois à la zone 3, tandis que le loyer moyen est supérieur de 5,3 %, soit 25 euros. Il y a donc une similitude troublante entre les deux montants, ce qui peut impliquer un lien de cause à effet entre augmentation des aides et augmentation des loyers.
2) Les loyers augmentent plus pour les logements aidés
Dans la zone 2, ce sont surtout les types de logements habités en priorité par des locataires modestes percevant des aides qui ont des loyers plus élevés que la zone 3. L’Insee a ainsi observé une variation de +6,7 % concernant ces logements entre la zone 3 et la zone 2, contre une variation moyenne de +5,3 % pour l’ensemble du parc locatif.
3) Un phénomène que l’on retrouve également à l’étranger
Le caractère inflationniste des aides aux locataires n’est pas spécifiquement français. A l’étranger, plusieurs études montrent qu’il existe une part des aides qui est absorbée par l’augmentation des loyers.
Ainsi, aux Etats-Unis, une étude datant de 2002 montre que les « rent vouchers » (nom donné aux aides aux locataires) se sont traduits par une augmentation des loyers supérieure à ces aides. L’effet inverse est également vrai : en 2006, une étude des économistes Gibbons et Manning a montré que la réduction des allocations logement en 1990 s’étaient traduite par une baisse des loyers.
Conclusion : tout n’est qu’une question d’offre
L’Insee souligne un point important dans sa conclusion : les aides versées aux locataires leur permettent d’être mieux logés uniquement à condition qu’il existe une offre suffisante pour répondre à l’accroissement de la demande de logements de meilleure qualité. En cas de manque d’offre, ces aides provoquent une inflation des loyers privés, surtout si les bailleurs peuvent les percevoir directement.
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Source : Les Echos
L’aide personnalisée au logement ou APL, l’allocation de logement familiale ou ALF ainsi que l’allocation de logement sociale ou ALS ont principalement pour but de diminuer l’effort des ménages ou de leur permettre d’avoir accès à des logements de meilleure qualité. Ces dernières années, il a été remarqué que les aides ont considérablement augmenté étant donné qu’en une vingtaine d’années, elles ont quintuplé. De ce fait, ces aides au logement ne produiraient pas les effets recherchés. Plus les ménages sont à la recherche de logements de bonne qualité, les aides donc ont pour conséquence d’augmenter la demande des locataires.