L’une des mesures phares du projet de loi ALUR de Cécile Duflot, la Garantie Universelle des Loyers, semble bien mal partie pour voir le jour, du moins dans un avenir proche.
Censée protéger les propriétaires des impayés et, du coup, aider les locataires à trouver un logement, la GUL partait d’une bonne intention. Cependant elle n’a cessé d’essuyer, depuis sa présentation, de vives critiques notamment liées à la déresponsabilisation des locataires et la taxation supplémentaire qu’elle nécessitait. En effet, son financement était prévu par une taxe supportée à 50/50 entre le locataire et le propriétaire.
Mais la semaine dernière, le ministère du Logement annonçait que ce financement ne se ferait finalement pas par l’intermédiaire d’une taxe, mais par une prise en charge directe de l’État. Un grand pas en arrière qui met à mal la crédibilité du gouvernement et compromet sans doute les chances pour la GUL de voir le jour. Le président de l’UNPI Jean Perrin, détracteur de cette mesure, a même déclaré « À mon avis, on ne parlera plus de la GUL dès que Cécile Duflot aura quitté le gouvernement, dans six mois grand maximum. ».
Par ailleurs, un sondage publié hier par Ipsos démontrait le faible enthousiasme des locataires comme des propriétaires pour la GUL : seulement 20% des locataires estimant qu’il s’agira pour eux avant tout d’une « sécurité supplémentaire en cas de coups durs » et 12% que la GUL sera « un recours en cas de litige avec leur propriétaire ». Au contraire, les répondants ont davantage mis en avant « le coût supplémentaire non négligeable dans leur budget » (36%), un tiers (32%) considérant que la GUL ne changera rien à leur situation. Quant aux bailleurs, ils redoutent eux aussi « le coût supplémentaire dans leur budget » (33%) ou encore que la GUL incite les locataires à ne pas payer leur loyer (15%). Seuls 18% des propriétaires y voient une protection renforcée face aux risques d’impayés par rapport aux garanties existantes. Des chiffres à nuancer aujourd’hui car l’étude a été faite avant l’annonce du gouvernement de changer le mode de financement de la GUL, mais qui montre tout de même l’état d’esprit général de la population face à cette mesure.