A quelques semaines des élections présidentielles, il est temps de décortiquer le programme des candidats sur le plan du logement et surtout de l’immobilier locatif : investissement, loi Alur, rapports bailleur/locataire, … On vous aide à y voir plus clair !
Note : Dans un souci d’équité, nous présenterons ici le programme immobilier de tous les candidats, et non pas seulement des « favoris ».
Sommaire
- Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)
- François Asselineau (Union populaire républicaine)
- Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès)
- Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)
- François Fillon (Les Républicains)
- Benoît Hamon (Parti Socialiste)
- Jean Lassalle (Résistons !)
- Marine le Pen (Front National)
- Emmanuel Macron (En Marche !)
- Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise)
- Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste)
Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)
La candidate au discours anticapitaliste, révolutionnaire et communiste, se concentre sur l’extension du droit des locataires et des plus démunis :
- Renforcer l’application de la loi SRU qui impose un quota de logements sociaux par ville ;
- Renforcer la loi Dalo afin de garantir un toit à ceux qui n’en ont pas ;
- Intensifier le recours à l’ordonnance de 1945 sur la réquisition des logements vacants. Cette mesure, qui avait pour but à l’origine de faire face à la pénurie de logement de l’après-guerre, n’a été que relativement peu utilisée depuis ;
- Construction de 500.000 logements par an, financée par l’Etat ;
- Interdire les expulsions locatives ;
- Généraliser l’encadrement des loyers.
François Asselineau (Union populaire républicaine)
Le candidat, dont le cheval de bataille est la sortie de l’UE, de l’euro et de l’Otan, adopte un ton généralement qualifié de droite voire d’extrême droite sur un fond antiaméricain et pro-russe. Ses principales propositions pour le logement :
- Rediriger les fonds prévus pour l’Union Européenne vers la construction de 80.000 logements de plus par an ;
- Renforcer les contrôles contre l’indécence des logements ;
- Mieux protéger les propriétaires contre les « abus de certains locataires » : accélérer les procédures en cas d’impayés des loyers et de dégradation des biens ;
- Renforcer l’application de la loi SRU pour favoriser la mixité sociale.
Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès)
Jacques Cheminade défend le combat contre « l’occupation financière », matérialisée par Wall Street et la City. Son mouvement, Solidarité et Progrès, est inspiré du très controversé Lyndon LaRouche, homme politique américain. Dans son programme pour l’immobilier, il souhaite :
- Réhabiliter d’urgence 500.000 logements et en construire 500.000 par an ;
- Augmenter la part de logements « très sociaux » (réservés aux plus pauvres) et mieux contrôler les revenus des bénéficiaires de logements sociaux ;
- Renforcer l’application de la loi SRU avec instauration d’un plafond de 35 % par commune ;
- Supprimer l’encadrement des loyers pour le remplacer par un bail homologué qui accordera des avantages fiscaux complémentaires au propriétaire-bailleur ;
- Lutter contre les expulsions « sèches », c’est-à-dire sans solution de relogement ;
- Faire un « effort supplémentaire » en faveur du logement des étudiants et apprentis.
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)
Leader du parti Debout la France, de tendance gaulliste et généralement classé à droite, Nicolas Dupont-Aignan souhaite pour le logement notamment :
- Proposer un contrat de location accession pour les locataires du parc social, avec option d’achat à l’issue d’une période de 10 ans ;
- Stimuler la construction de logements énergétiquement performants ainsi que la rénovation énergétique ;
- Revoir la loi SRU qui se révèle « contreproductive pour de nombreux maires » ;
- Alléger les procédures d’expulsion pour les locataires mauvais payeurs de mauvaise foi ;
- Accélérer les expulsions de squatteurs, le but étant de changer l’opinion de certains propriétaires qui préfèrent laisser leur logement vide plutôt que prendre des locataires indélicats ;
- Renforcer les expulsions pour les locataires fauteurs de troubles (activités illicites, nuisances, dégradations).
François Fillon (Les Républicains)
Dans son programme connu pour son aspect libéral, le candidat de la droite inclut les mesures suivantes pour le logement :
- Supprimer l’encadrement des loyers et le remplacer par un bail homologué (avantages fiscaux en échange de loyers faibles) ;
- Rééquilibrer les relations bailleur-locataire : les procédures d’expulsion seront accélérées en cas d’impayés, et en contrepartie le propriétaire ne pourra plus demander au locataire certaines garanties excessivement contraignantes ;
- Faciliter l’investissement dans le logement en simplifiant les normes, en raccourcissant les délais de procédure et en encourageant l’innovation ;
- Développer le logement intermédiaire dans les zones hypertendues ;
- Stabilité fiscale pendant au moins 5 ans pour ne pas décourager les investisseurs ;
- Abaisser le plafond de ressources pour l’accès au logement social ;
- Revoir la loi SRU pour l’assouplir et construire des logements sociaux là où il y en a vraiment besoin.
Benoît Hamon (Parti Socialiste)
Concernant le logement, le programme du candidat de la gauche s’articule autour des points suivants :
- Atteindre l’objectif de 150.000 nouveaux logements sociaux par an dont 130.000 très sociaux ;
- Construire 60.000 logements sociaux pour les étudiants et les jeunes pendant le quinquennat ;
- Renforcer l’application de la loi SRU ;
- Renforcer l’encadrement des loyers ;
- Remettre à l’ordre du jour la Garantie Universelle des Loyers (GUL) prévue initialement par la loi Alur.
Jean Lassalle (Résistons !)
Cet ancien du MoDem, issu d’une famille de bergers, est une forte tête et se revendique sans étiquette. Mais son programme ne donne pas de détails, à notre connaissance, sur les mesures qu’il mettrait en place pour la question du logement en France.
Marine le Pen (Front National)
La candidate du Front National souhaite pour le logement :
- Faciliter l’accès à la propriété en renforçant les dispositifs de prêts aidés et en améliorant les conditions de rachat par les locataires de leur logement social ;
- Faire baisser les prix en aidant à la construction et à la réhabilitation ;
- Faire baisser la taxe d’habitation pour les plus modestes ;
- Supprimer la prise en compte du patrimoine dans le calcul des APL ;
- Revaloriser les APL pour les jeunes jusqu’à 27 ans ;
- Logement social : le réserver en priorité aux Français et à ceux qui ont le plus besoin.
Emmanuel Macron (En Marche !)
L’encadrement des loyers sera maintenu en l’état et évoluera selon son efficacité qui sera mesurée ;
- Accélérer la construction de logements dans les zones tendues ;
- Construire 80.000 logements pour les étudiants et jeunes actifs ;
- Construire 30.000 « logements jeunes » dans le parc social accessibles sans dépôt de garantie, sans demande de caution et pour un bail non renouvelable.
- Créer un bail « mobilité professionnelle » de courte durée pour répondre aux besoins des actifs en mobilité temporaire (formation, période d’essai, stage).
- Logement social : maintien de la loi SRU, transparence des attributions, renforcement du contrôle des revenus des locataires ;
- Augmentation de l’intermédiation locative (faire gérer un logement privé par une association pour y loger des ménages précaires) ;
- 4 français sur 5 seront exonérés de taxe d’habitation ;
- Pas de nouvelles normes de construction pendant le quinquennat ;
- Accélérer et faciliter la lutte contre les passoires énergétiques.
Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise)
Le candidat de l’extrême-gauche, contre la libéralisation du marché et les incitations fiscales, propose de :
- Interdire les expulsions locatives sans solution de relogement ;
- Construire 200.000 logements sociaux par an pendant le quinquennat ;
- Mise en place de la Garantie Universelle des Loyers ;
- Renforcer les sanctions contre les communes qui ne construisent pas assez de logements sociaux ;
- Mise en place d’un plan d’ « éradication » du logement insalubre.
Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste)
- Interdiction des expulsions locatives sans solution de relogement ;
- Réquisition des logements inoccupés depuis plus de deux ans ;
- Construction de 200.000 nouveaux logements sociaux « et de bonne qualité » par an ;
- Renationalisation des sociétés HLM ;
- Blocage des loyers : les loyers seront plafonnés à 20% du revenu des locataires ;
- Suppression des dispositifs de défiscalisation pour l’investissement locatif et notamment du Pinel. Les incitations fiscales seront réorientées du privé vers le social.