Encadrement des loyers à Paris : les effets pervers à craindre

Paris 4ème arrondissementAlors que d’après les premiers bilans de l’encadrement des loyers à Paris (loi Alur) celui-ci semble porter ses fruits, un certain nombre de professionnels s’interrogent toujours sur les effets pervers qu’une telle loi peut engendrer. Dans ce registre, nous posons aujourd’hui la question suivante : et si l’encadrement des loyers arrivait finalement à…faire augmenter les niveaux des loyers ?

L’encadrement des loyers est satisfaisant…pour l’instant

Après la mise en oeuvre le 1er août de l’encadrement des loyers à Paris, plusieurs analyses sont parues récemment pour mesurer son impact et son efficacité. Il apparaît clairement que les prix ont en effet chuté, surtout pour les logements de petite surface : par exemple, selon Europe 1, 20% des studios gérés par le réseau Century 21 ont ainsi vu leur loyer diminuer, une baisse qui peut parfois atteindre plusieurs centaines d’euros. Également selon une étude de Meilleursagents.com, le nombre d’offres dont le prix est au-dessus du loyer de référence majoré (le loyer maximum) est passé de 46 % avant le 1er août à 29 % un mois plus tard.

Un bilan positif confirmé par la mairie de Paris qui n’a pas caché sa satisfaction. « Le bilan est très nettement positif. L’encadrement des loyers, ça marche et cela permet à des locataires de ne plus payer de loyer abusif donc c’est une très, très bonne chose », se réjouissait Ian Brossat, adjoint au maire de Paris en charge du logement, cité dans un article d’Europe 1 début septembre.

…mais pour combien de temps ?

Les professionnels craignaient un possible engorgement de la commission de conciliation (en cas de litige locataire/propriétaire), mais ceci ne semble plus vraiment d’actualité. En revanche, une chose est sûre : des loyers en baisse signifient des rentabilités également en baisse pour les investisseurs. Cela est d’autant plus visible que les petites surfaces, ciblées en priorité par l’encadrement des loyers, étaient précisément le type de bien le plus rentable. Comment certains petits propriétaires peuvent-ils continuer de louer un studio qui passe de 700 € à 500 € de loyer ? Alors certains revendent, d’autres continuent de louer mais avec le risque qu’ils réduisent leur effort d’entretien du logement.

Une autre question mérite d’être posée : celle de la tendance à la hausse des loyers dans les années à venir. D’après un agent immobilier parisien cité récemment sur Les Echos, « Tous les propriétaires demandent la mise en application du loyer majoré, c’est-à-dire de 20 % supérieur au loyer médian« . Si cela est vrai, lorsque l’Olap (l’organisme qui fournit les loyers de référence servant à l’encadrement) devra mettre à jour ses médianes de loyers l’année prochaine, les loyers médians seront mécaniquement plus élevés. Ceci permettra donc aux propriétaires de louer plus cher, et ainsi de suite. Au final, les loyers se retrouveront confrontés à la même limite qu’auparavant : celle de la capacité financière des locataires. Et la loi n’aura servi à rien !

Pour consulter la carte des loyers de référence à Paris, c’est ici.

 

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